20 janvier 2024

Un registre "A" de vaguemestre en temps de paix

En complément à notre précédent billet consacré à un registre "A" de vaguemestre en temps de guerre, nous vous présentons ci-dessous la copie d'un registre "A" du service des vaguemestres dans les garnisons et formations de l'intérieur au temps de paix.

Ce registre pour l'inscription des chargements et articles d'argent à payer était attribué au vaguemestre des unités suivantes, rattachées au bureau postal militaire 510 d'Offenbourg :

  • SP 69394 : commandement et de la direction du matériel du 2ème corps d'armée et des forces françaises en Allemagne (FFA) d'Oberkirch, 
  • SP 69772 : bureau de garnison d'Oberkirch,
  • SP 69941 : conseiller réserves, officier auprès de général major régional des FFA à Oberkirch.

Il a été paraphé le 06 février 1990 par le commandant GRIMAUD, sous-directeur Administration Moyens du commandement et de la direction du matériel du 2e corps d'armée et des forces françaises en Allemagne.



Page de couverture du registre A du service des vaguemestres



Instructions sur la tenue et la vérification du registre A



Page du registre concernant le 02 mars 1990 avec timbres à date
numériques du bureau postal militaire 510 d'Offenbourg



Cachet apposé par le bureau postal militaire 510 et indiquant
le nombre de chaque catégories d'objets remis au vaguemestre

06 janvier 2024

L'assistance postale à la pêche hauturière

Le rôle des bâtiments de la Marine Nationale dans la desserte postale des navires de la grande pêche a pris une plus grande importance après la Seconde Guerre mondiale. Ils furent en effet les seuls à assister les navires pratiquant la pêche hauturière.

Ce rôle postal accru du bâtiment d'assistance des pêches fut à l'origine de la création en 1960 d'une agence postale navale à bord de l'ESCORTEUR L'AVENTURE. Il fut affecté à l'assistance des pêches de 1957 à 1961. La plus grande partie de son activité se fit donc sans agence postale.




La création de l'agence postale navale embarquée de l'escorteur L'Aventure fut une grande nouveauté car ce bâtiment ne possédait qu'un équipage de 125 à 130 officiers, officiers-mariniers et matelots.

Il fallut interpréter de façon extensive l'arrêté interministériel du 18 avril 1923 créant les agences postales navales qui fixait à 500 le nombre d'hommes constituant l'équipage d'un bâtiment pour que celui-ci puisse bénéficier de l'ouverture d'une agence postale.

Une telle interprétation avait déjà été faite en faveur du ravitailleur Jules Verne en tenant compte des équipages des sous-marins qu'il desservait.

L'agence postale navale embarquée de l'escorteur L'Aventure ouvrit le 1er mars 1960 pour fermer le 31 juillet 1961, c'est-à-dire en pleine campagne d'assistance. Il n'utilisa qu'un seul modèle de timbre à date.



Timbre à date hexagonal à angles fermés de l'agence postale
navale embarquée de l'escorteur L'Aventure (07 février 1961)


Le courrier à destination de l'escorteur provenant de France était sous mis à la procédure bien rôdée de la desserte postale des bâtiments de guerre en campagne ou en mission.

Les plis destinés à un membre de l'équipage de l'escorteur L'Aventure devaient être adressés au bureau central naval de Paris qui formait des dépêches expédiées par voie maritime pour le courrier affranchi au tarif intérieur français, ou par voie aérienne avec surtaxe, le bâtiment ne bénéficiant pas de la franchise militaire.

En cas d'acheminement mixte maritime et aérien, la surtaxe aérienne était nécessaire.

Les dépêches postales étaient adressées soit au bureau de poste de Saint-Pierre et Miquelon, soit aux agents consulaires français ou aux bureaux de poste des ports étrangers où une escale était prévue (Canada, Groenland, Norvège, etc.).



Courriel officiel en franchise avec cachets du commandant de L'AVENTURE
et timbre à date de l'agence postale navale embarquée  (10 août 1960)


Le courrier à destination de France provenant de l'escorteur suivait également les règles régissant le courrier des bâtiments en campagne. Le courrier officiel non urgent en franchise et le courrier de l'équipage affranchi au tarif intérieur français, oblitérés par l'agence postale du bord, étaient regroupées en sacs clos remis aux agents consulaires ou aux bureaux de poste locaux qui les acheminaient par voie maritime.

Le courrier officiel urgent et le courrier par voie aérienne de l'équipage était déposés aux frais des expéditeurs dans les bureaux de poste français comme celui de Saint-Pierre, ou dans les bureaux étrangers des ports d'escales qui procédaient à l'affranchissement à leur tarif et à l'expédition.

Une seule exception existait pour les membres de l'équipage ayant moins de 18 mois de service. Le tarif intérieur était autorisé pour la voie arienne : un sac clos était alors adressé par l'agent postal au bureau central naval et c'est cet organisme qui oblitérait le timbre de tarif intérieur, la marine prenant la surtaxe aérienne à ses frais.



Chalutier congélateur DAUPHIN


Concernant le courrier des marins-pêcheurs, il fallut mettre en place une procédure particulière qui fut ultérieurement reprise par les autres bâtiments d'assistance des pêches possédant une agence postale.

Le courrier à destination des chalutiers devait porter le nom du pêcheur destinataire à bord du chalutier X, côtes de Terre-Neuve ou côtes du Groenland ou mer de Barentz, sans nom de localité.

Les bureaux de poste étaient toujours informés par leur bulletin officiel des destinataires à donner aux correspondances. Le pli, affranchi au tarif intérieur français, était ainsi déposé dans un bureau de poste qui l'acheminait vers le centre de tri Paris Gare P.L.M.



Celui-ci formait des sacs clos qui étaient expédiés, selon la position du chalutier, par la voie la plus adaptée (maritime, aérienne ou même partiellement ferroviaire à travers la Suède et la Norvège pour le mer de Barentz).

Le destinataire de ces sacs était le consul de France à Saint Jean de Terre-Neuve pour les chalutiers des bancs de Terre-Neuve et du Groenland.

Pour les chalutiers pêchant en mer de Barentz, le sac de courrier était inclus dans celui destiné à l'escorteur L'Aventure et confectionné par le bureau postal naval de Paris, puis expédié ainsi au bureau local d'Honningsvag, le plus septentrional de Norvège.




Les sacs étaient enfin pris au passage l'escorteur L'Aventure où l'agent postal effectuait le tri et délivrait les correspondances au fur et à mesure que le bâtiment rencontrait les chalutiers.

Le courrier en provenance des chalutiers pouvait emprunter la voie maritime au tarif intérieur français après remise des correspondances à l'escorteur L'Aventure, leur oblitération par l'agence postale du bord et leur acheminement par sacs clos déposés dans les bureaux de poste locaux par l'agent postal.

Les marins-pêcheurs préféraient en réalité la voie aérienne, possibilité que leur offrait les différents ports d'escale.

Pendant les premiers mois de fonctionnement, ils remettaient leurs lettres non affranchies ou insuffisamment affranchies pour les tarifs aériens étrangers, accompagnés d'une somme évidemment assez approximative pour que l'agent postal pût procéder à l'affranchissement par avion dans les bureaux de poste locaux.

La fréquente insuffisance des sommes laissées par les pêcheurs et l'importance prise par ce genre de courrier posèrent rapidement des problèmes de temps et de finances à l'agence postale.

Aussi procéda-t-on différemment à compter de juillet 1960 : chaque chalutier remit le courrier non affranchi de ses pêcheurs à l'agent postal, qui eut à sa disposition un fonds de 20.000 francs en devises étrangères alloué par le Comité interprofessionnel de la Grande Pêche, lui permettant l'affranchissement par avion dans les bureaux de poste locaux.

Le bord communiquait ensuite les sommes et l'identité des expéditeurs au comité qui, en fin de campagne, réclamait aux pêcheurs les frais ainsi engagés.




Une agence postale navale embarquée fut créée le 1er mars 1962 sur l'AVISO ESCORTEUR COMMANDANT BOURDAIS afin d'assurer la desserte postale des pêcheurs de Terre-Neuve, prenant la suite de l'agence postale de l'escorteur L'Aventure.

Elle ne fonctionnait réellement que lors des campagnes, ouvrant le jour de l'appareillage et fermant provisoirement lors du retour à Lorient. Lors de ces fermetures temporaires, l'agent postal travaillait au bureau postal naval de Lorient.



Enveloppe avec timbre à date hexagonal à angles ouverts de
l'agence postale navale embarquée de l'aviso-escorteur
Commandant Bourdais (12 octobre 1966)


L'acheminement du courrier, tant pour l'équipage que pour les marins-pêcheurs, se fit selon les mêmes procédures que celles adoptées pour l'agence postale de l'escorteur L'Aventure.

Deux modifications sont à signaler : les avis destinés aux bureaux de poste ne furent régulièrement publiés dans le Bulletin officiel du ministère des PTT que jusqu'en 1963, donc pendant seulement deux années en ce qui concerne l'aviso-escorteur Commandant Bourdais, le bureau centralisateur pour le courrier des pêcheurs fut, à partir de 1963, le centre de tri Paris Gare St-Lazare Etranger.



Courrier officiel en franchise avec cachets officiels de l'aviso-escorteur
Commandant Bourdais et timbre à date circulaire de l'agence
postale navale embarquée (28 février 1971)


En 11 ans, l'aviso-escorteur Commandant Bourdais fit 22 campagnes d'assistance à la grande pêche à partir  du port de Lorient où il était basé. Sur place, il était stationné à Saint-Pierre d'où il exécutait des patrouilles sur les bancs de pêche.

L'activité de l'agence postale était capitale pour les marins-pêcheurs des chalutiers français et se situait au même niveau que l'assistance médicale, le ravitaillement ou les achats individuels à la coopérative de l'aviso-escorteur.



Enveloppe avec cachet illustrée de la 10e campagne d'assistance à la
grande pêche et timbre à date de l'agence postale navale embarquée 
de l'aviso-escorteur Commandant Bourdais (19 mars 1971)


Les liaisons avec les morutiers se faisaient normalement par un dinghy (petite embarcation ouverte) qui leur apportait ainsi lettres, colis et produits de la coopérative ou, en sens inverse leurs permettait d'apporter leur courrier à bord de l'aviso.

Quand la mer était mauvaise, le courrier était transmis par bouée étanche qu'il fallait ensuite, malgré tangage et roulis, récupérer dans l'écume.

Il arriva à l'aviso-escorteur Commandant Bourdais d'assister également des navires espagnols ou portugais.



 Oblitération mécanique SECAP avec flamme illustrée de
l'agence postale navale embarquée de l'aviso-escorteur
Commandant Bourdais (14 juillet 1972)


Pendant sa période d'activité, l'agence postale navale embarquée de l'aviso-escorteur Commandant Bourdais utilisa trois timbres à date manuels différents (timbres à date hexagonaux à angles fermés et ouverts, timbre à date circulaire) ainsi qu'une oblitération mécanique avec flamme illustrée. L'agence ferma définitivement ses portes le 1er février 1973.

Le bâtiment servit également de relais pour les télégrammes entre la station Saint-Lys et les chalutiers non équipés de stations radio.

L'agence postale navale embarquée "BÂTIMENT D'ASSISTANCE DES PÊCHES" a été ouverte le 1er février 1973, pour prendre la suite de l'agence postale de l'aviso-escorteur Commandant Bourdais.



Enveloppe de service des Postes et Télécommunications en franchise
avec petite griffe horizontale et timbre à date de l'agence postale
navale embarquée du bâtiment d'assistance des pêches
(1er février 1973 = premier jour de fonctionnement)



Enveloppe de service des Postes et Télécommunications en franchise
avec grande griffe horizontale et timbre à date de l'agence postale
navale embarquée du bâtiment d'assistance des pêches (14 mars 1973)


L'agence postale navale embarquée "Bâtiment d'assistance des pêches" n'était dotée que de timbres à date manuels.

L'agence fonctionna à bord de différents bâtiments de la Marine Nationale : 
  • bâtiments de soutien logistique (BSL) Loire et Rhône,
  • remorqueurs de haute mer (RHM) Tenace, Centaure et Malabar,
  • avisos Quartier-maître Anquetil et Détroyat.


Enveloppe avec cachet du bâtiment de soutien logistique RHONE
et timbre à date de l'agence postale navale embarquée du
 bâtiment d'assistance des pêches (22 novembre 1973)


La dernière campagne avec agent postal se déroula du 08 janvier au 23 mars 1991 sur le remorqueur de haute mer Malabar.

L'agence postale fut mise en sommeil le 31 décembre 1992 car la pêche hauturière était en crise depuis plusieurs années. Elle a été définitivement fermée le 31 juillet 1995.



Enveloppe avec cachet du remorqueur de haute mer CENTAURE
et timbre à date de l'agence postale navale embarquée du
 bâtiment d'assistance des pêches (30 janvier 1981)



Enveloppe avec cachet du remorqueur de haute mer MALABAR
et timbre à date de l'agence postale navale embarquée du
 bâtiment d'assistance des pêches (02 novembre 1985)



Note de service du 27 juillet 1995 du lieutenant-colonel Bernard THEROND,
chef du service de la poste aux armées par intérim, concernant la
fermeture de l'agence postale navale "Bâtiment d'assistance des pêches"